À propos

Le Labo Télé

Fondé en 2015 au sein du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal par Marta Boni le Labo Télé a été mis en œuvre pour créer un espace de réflexion interdisciplinaire sur la télévision. Né avec l’objectif d’intégrer le domaine des études télévisuelles, qui dans la recherche universitaire sont de plus en plus importantes depuis le début des années 2000, le Labo Télé travaille à mettre en place des outils d’analyse sur les formes esthétiques et narratives, les technologies ainsi que les usages par les publics des séries télévisées.

Le Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM favorise les approches théoriques et pratiques interdisciplinaires par sa concentration sur plusieurs médiums artistiques, entre les arts visuels, le cinéma et les jeux vidéo. Le Labo Télé apporte une nouvelle ouverture sur la télévision, s’inscrivant à la fois dans l’étude de l’image et du son, des mutations des technologies médiatiques à l’ère du numérique et dans les études culturelles. Le Labo Télé aborde également la recherche par une approche interdisciplinaire, nourrie par son inscription dans un réseau de chercheurs locaux et internationaux. Les axes de recherches du laboratoire s’orientent ainsi vers les formes, les plateformes, les genres, les modes de production, les cultures, les récits transmédiatiques et la réception auprès des téléspectateurs des séries télévisées contemporaines.


État de la question

Le Labo Télé travaille à partir de ce constat : la télévision est dans une ère « post-network » (Lotz, 2007). Les séries contemporaines sont encore de la télévision, malgré qu’elles ne soient peut-être jamais diffusées via le médium traditionnel de l’appareil télévisuel. Les bouleversements de l’industrie numérique influencent l’expérience téléspectatorielle, désormais délinéarisée. L’approche pragmatique du Labo Télé considère les formes des séries télévisées (narratives et esthétiques) en constante évolution par leur plateforme et leurs usages. Ainsi, et en s’appuyant également sur une théorisation de la série comme monde ou système, la série télévisée est appréhendée comme une totalité, un écosystème qui regroupe la série elle-même, sa production et sa réception.
Comment produire des connaissances sur les séries télévisées et comment les analyser, surtout à une époque où les séries sont très nombreuses, peut–être trop nombreuses (on parle de peak television)? À partir de la proposition, née dans le domaine de la littérature, de la « lecture distante » ou distant reading (Moretti, 2013), le Labo Télé met aussi en place des méthodes d’analyse quantitative. Dans notre perspective, la réception fait partie du phénomène sériel qui englobe la narration, la forme et les traces des activités de réception.  


Organisation et projets de recherche

Le Labo Télé compte parmi ses membres des étudiants issus de plusieurs disciplines (cinéma, histoire de l’art, littérature, communication) dont les recherches et les intérêts personnels s’inscrivent déjà dans l’analyse des séries télévisées. Les rencontres du Labo Télé, sous forme d’ateliers de travail, offrent un espace de partage et de réflexion aux membres. Ouvertes aux participants extérieurs, les rencontres sont d’ailleurs accessibles à toutes et à tous par leur diffusion sur la page Youtube du laboratoire.

Le projet d’enquête sur les formes et les plateformes des séries télévisées contemporaines intitulé « La série télé dans tous ses écrans » (2018-2020) a été mis sur pieds grâce à la subvention obtenue du Conseil de Recherches en Sciences Humaines du Canada (CRSH) dans le cadre du programme Développement Savoir. Le cycle de recherches 2018-2021 est dirigé autour de ce projet qui se divise en trois volets : la sérialité produite et diffusée par ses acteurs, le hors-film (les séries dans les salles de cinéma et les festivals) et la portabilité. Ce projet de recherche vise à examiner conjointement les liens entre la dimension esthétique et la dimension technologie des séries télévisées contemporaines (champ d’analyse restreint aux séries produites entre 2013 et 2018), dans un contexte de production et de diffusion numérique. Cette enquête sur les formes, les formats et les contenus des séries propose dans un premier temps une réflexion théorique sur les mutations du récit télévisuel par ses modalités de diffusion (entre les networks traditionnels et la diffusion numérique) et une élaboration d’outils d’analyse et méthodologiques de ces nouveaux objets. En dehors des membres réguliers du laboratoire, ce projet inclut des chercheurs français, italiens et québécois. 

Le Labo Télé développe aussi une étude quantitative des plateformes qui accompagnent les séries télévisées et un travail cartographique pour répertorier les séries en relation avec les pratiques et discours des téléspectateurs, à travers une perspective géographique. En effectuant un lien entre les discours des fans et leur localisation, il est possible de mettre en relation les activités des utilisateurs avec les dispositifs des séries télévisées. Le travail sur les discours de réception des séries permet d’étudier l’œuvre comme un système complexe, qui englobe sa vie sociale. 


La diffusion de la recherche : colloques et publications

Depuis sa création, le Labo Télé a organisé trois colloques internationaux : Formes et plateformes de la télévision à l’ère du numérique : Publics, récits et technologies (mars 2017)Intervalles sériels : littérature, cinéma, télévision, médias (avril 2019) et Télévision Queer : Représentations, sensibilités, formes et fandom (mai 2019).

Initié dans le cadre du projet du « Les séries télévisées à l’ère du numérique » le colloque Forme et plateformes de la télévision à l’ère du numérique s’est inscrit dans les activités de recherche du groupe. Il a été soutenu par le financement du CRSH accordé via le programme Connexion, le GRAFICS, le soutien du réseau de partenariat international de TECHNÈS, la Cinémathèque québécoise et le Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques. Plusieurs chercheurs locaux et internationaux ont été réunis à la Cinémathèque québécoise à Montréal pour questionner les nouvelles pratiques de la télévision à l’ère du numérique à partir du lien esthétique et technologique. Présentées sous forme d’études de cas, les conférences qui ont eu lieu sur une durée de trois jours ont été enregistrées et mises en ligne pour en permettre le libre accès. Les pays suivants étaient représentés : Brésil, Canada, France, Italie, Pays-Bas, Suisse, États-Unis.

Le colloque Intervalles sériels a eu lieu en avril 2019 sous la forme d’ateliers de discussion au Carrefour des arts et sciences de l’Université de Montréal. Organisé en collaboration par Marta Boni, Thomas Carrier-Lafleur (Université de Montréal, département d’histoire de l’art et études cinématographiques) et Marcello Vitali-Rosati (Université de Montréal, département des littératures de langue française), le colloque interdisciplinaire proposait une discussion autour de la notion de l’intervalle spatial ou temporel, dans un contexte médiatique contemporain.

En mai 2019, le Labo Télé collaborait à l’évènement Télévision Queer / Queer Television organisé par Joëlle Rouleau (Université de Montréal, département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques) et Marta Boni. Le colloque avait comme objectif l’analyse des séries télévisées selon une perspective théorique queer.

Les collaborations des membres du Labo Télé ont mené à la publication d’articles conjoints telles que l’article « I Love Dick et Transparent : Ergonomie, montage et rythme » (2020), et « Maps, Distant Reading and the Internet Movie Database» (2020). Les récentes collaborations externes de Boni comptent l’article « Comment étudier la complexité des séries télévisées? : vers une approche spatiale » avec Mirelle Berton (Université de Lausanne) pour la revue TV/Series et celles avec Valentina Re : “Do not skip the intro!ˮ Les génériques des plateformes over-the-top, p. 219, Cahiers du CIRCAV n. 28 et « Here Be Dragons. Le mappe comme soglia/le mappe come creazione » dans l’ouvrage de Re et Sara Martin Trono di Spade - Game of Thrones - Erotismo guerra e spazi urbani nel trono di spade (2017).