Comptes-rendus du colloque :
« Intervalles sériels : littérature, cinéma, télévision, médias »


André Gaudreault (Udem) et Philippe Marion (U. catholique de Louvain) :
« La mise en série des “séries culturelles” et leurs intervalles »

André Gaudreault et Philippe Marion proposent d’évaluer les intervalles sériels à l’aune des « séries culturelles ». L’idée même de série se révèle intéressante dans la façon dont elle aborde une suite d’éléments liés entre eux, mais ayant chacune leur singularité. Dans toute série, en effet, il y a une dynamique paradoxale où coexistent à la fois des effets de liaison et des effets de déliaison. En ce sens, les intervalles sont là pour entretenir la promesse sérielle, en générant des fractures dans l’unité d’un tout. Philippe Marion propose notamment une référence à la musique en ce qui concerne la distance, l’espaces de temps, la synchronie et la diachronie. Nous ajoutons à ce propos que, de façon similaire à l’intervalle musical, l’intervalle narratif peut marquer la distance entre deux éléments successifs (intervalle mélodique) ou simultanés (intervalle harmonique). Comprendre la culture médiatique, c’est donc aussi saisir l’intervalle identitaire qui sépare les médias entre eux et qui les fait se distinguer. Suivant cette nécessité, André Gaudreault essaye de penser et de repenser les intervalles dans un moment où les intervalles intermédiatiques semblent disparaître dans le flux continu du numérique. Même dans cette illusion de continuité, Gaudreault precise, il y a un intervalle entre ce qui est cinéma et ce qui ne saurait l’être. Selon lui, ce qui est consommé en salle serait en déliaison du reste des expériences devant un film. Depuis son début, continue Marion, l’institutionnalisation des médias tend à se fracturer, comme si l’institutionnalisation des médias instillent dans les intervalles de sérialisation la déliaison comme principe dominant. De la salle de cinéma aux plateformes en ligne comme Netflix, on retrouve toujours des continuités et discontinuités dans les séries culturelles. Travailler les séries à l’ère du numérique signifie travailler le multimedia comme nouvelle répartition des intervalles sériels. L’approche sérialo-culturelle (voir ici) devient donc nécessaire pour mobiliser un redécoupage des intervalles sériels. Le sérialisme culturelle servirait à donner de nouvelles formes d’intelligibilité. Le cadre théorique de la série culturelle, selon Gaudreault et Marion, nous amène à adopter une conception d’intervalles centrée sur l’identité : intervalles identitaires entre médias, zones de friction, cheminements possibles dans le magma des “big data”. L’intervalle devient donc une zone de friction dynamique avec une sérialité mise à jour par le chercheur. Là où les séries tentent de nier les intervalles qui paradoxalement les constituent, l’idée de Gaudreault et Marion est d’assumer la discontinuité comme continuité.

La lecture sérielle révèle des liens, des intervalles médiatique dans la grande sérialité culturo- médiatique. Une question centrale se pose donc avant meme de commencer un débat sur la notion d’intervalle : quelle échelle faut-il adopter pour une histoire des séries culturelles basée sur les intervalles ?

Sources:

Lynn Kozak @lynnashleykozak 5 avr.
André Gaudreault and Philippe Marion asking the tough questions about how we define series, serials, and their breaks with some awesome etymology. Maybe I’m not the only secret classics geek here after all. @LaboTele_ORG #intervalles

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Considerer les #intervalles comme des « déliaisons »: des fractures dans l’unité d’un tout @GaudreaultAndre @UdeM_histart

Lynn Kozak @lynnashleykozak 5 avr.
The type of breaks distinguishes between serial media types… sounds right to me! Busting out Barthes and Bellour on how we think of the « intervals » of cinema, in contrast to other media forms. Are all series synchronic now? #intervalles

Marta Boni @MartaBoniLund 5 avr.
Netflix et cinéma: concurrents ou en mode d’absorption réciproque? Le point de vue sérialo-culturel selon André Gaudreault et Philippe Marion. #intervalles

Panel : Histoire de l'intervalle

Retracer une histoire, ou des histoires, de l’intervalle pose plusieurs enjeux. Dans cette tentative de reconstruire l’evolution de l’intervalle, le panel “Histoire de l’intervalle” commence avec l’intervention de Lynn Kozak (McGill). Kozak propose de commencer par la littérature des origines, et notamment par les intervalles contenus dans les épopées grecques. Avec sa proposition intitulée «Récapitulations iliadiques et la question des « épisodes épiques » » elle nous introduit aux intervalles épisodiques. L’Iliade, souligne-t-elle, est impossible à consommer en une seule fois : il faudrait environ 25 heures pour une lecture complète de l’œuvre. D’où la nécessité de couper l’œuvre en plusieurs épisodes. Kozak souhaite comprendre l’équilibre des rappels qui permettent de soutenir un récit long à travers des formules qui se répètent, intervalle après intervalle. Comment peut-on donc juger un intervalle dans son inscription à une structure narrative de longue durée ? Peut-on par exemple comparer l’Iliade à Game of Thrones (GoT), en tant que narrations vastes avec des intervalles flexibles ? Si on envisage une analyse minutieuse de l’itération dans GoT, on note que chaque épisode rappelle un événement narratif de chaque épisode précédent. Au contraire, dans l’Iliade, de nombreux événements narratifs ne rappellent aucun épisode précédent : ce n’est pas aussi linéaire dans la construction, la dimension itérative n’est pas aussi « lisse ». Les épisodes dans l’épopée classique et les épisodes dans les séries télévisées contemporaines présentent des différences dans les niveaux de contraction. Néanmoins, dans l’histoire des narrations humaines, on retrouve un nombre d’exemples qui nous dit déjà que certaines lignes évolutives sont similaires. L’étude historique de l’intervalle peut nous aider à trouver des récurrences structurelles. En poursuivant cette discussion, Ugo Dionne (Université de Montréal) tente donc d’aborder la négociation de l’abîme dans les romans du XVIIe-XVIIIe, en réfléchissant aux fins de chapitres, aux livraisons et à la consciences intercalaire. Il pousse donc le débat de l’épopée grecque abordée par Kozak au cas du roman Clélie, Histoire romaine, de Madeleine de Scudéry sorti en 1657. Selon Dionne, le blanc de l’intervalle livresque permettrait aux personnages, mais aussi au lecteur, de se reposer à travers un motif qui circule vers la clôture et la fermeture. Le roman du XVIIIe semble en effet avoir une concentration narrative et spatiale entre des moments de suspense annonçant l’intervalle. La structure qualitative et le développement quantitatif des pratiques éditoriales dans le roman du XVIIe-XVIIIe siècle ont notamment amené une évolution des lectures, passant d’intensive à extensive. Cela a engendré des textes de plus en plus dynamiques qui reposent sur le suspense structural ou cliffhanger : la tension suspensive étant une réponse aux menaces des interruptions périodiques. Dionne avance la discussion sur les épisodes en proposant une autre problématique, celle liée à l’intervalle de deux tomes dans l’âge classique de la littérature. Au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire de la littérature occidentale, émergent des questions qui aboutiront à l’accroissement de la tension terminale en terme d’intervalle. Les chutes, dès les années 1730, captivent et permettent de lutter contre la peur de l’obstacle qu’est l’intervalle.

Paradoxalement, intervient Philippe Marion, “c’est en voulant lutter contre cet intervalle, qu’on amplifie cette frustration de l’intervalle”. Dionne répond que cette frustration est finalement la création du pont sur cet intervalle. Pendant longtemps, l’éditeur pouvait couper de façon arbitraire, et peu à peu est née la volonté des auteurs de créer des espaces de tension pour devenir maître des points de coupe. De façon similaire, à la télévision, certains formats sériels mettent les accents de tension avant les plages publicitaires. Ce rapport à la tension ponctuelle risque d’être mis en discussion avec Netflix, car la publicité n’y est plus présente. A ce propos, Matthieu Letourneux

(Université de Paris-Nanterre) aborde la question de l’intervalle au debut du XXe, où l’intervalle n’est pas seulement diégétisés mais devient surtout une formulation politique. Le changement de dynamiques médiatiques dans les séries populaires remet en question la notion d’intervalle en regime sériel, à travers sa périodicité, ses cadences et ses fictions. Comme dans le cas des romans du XVIIe-XVIIIe siècle, abordés par Dionne, Letourneux souligne que les changements dans l’intervalle sériel font suite à des changements dans la logique de production : on passe de l’artisan (créateur de l’objet) à l’industrialisation (designer). Déjà à partir du 1920, on retrouve un changement dans le régime communicationnel : l’auteur est au service d’un éditeur qui devient principal interlocuteur du lecteur.

Les rythmes de production, les intervalles de production et les cadences imposés aux auteurs obligent d’eux-mêmes un changement d’écriture s’inscrivant à présent dans des intervalles restreints, dans une logique de série. Ce bouleversement a des effets sur l’usage, qui répond à une dynamique nerveuse de la lecture, comme si l’intervalle était devenu, dans la logique de consommation, plus importante que la série elle-même. Selon Letourneux, l’intervalle devient donc le moteur même de la lecture sérielle et une stratégie de relance du désir, grâce à des pratiques de feuilletonisation et thématisation des collections sérielles qui se structure finalement sur des pauses. Comme Kozak, Dionne et Letourneux le montrent, une histoire des intervalles nous porte donc à penser à une évolution dans les modes de production et de réception, qui ensemble influencent la nature des intervalles même des mondes fictionnels.

Sources :

Marta Boni @MartaBoniLund 5 avr.
@lynnashleykozak talks about formula and series: the Iliad and GoT meet, highlighting reiterations, recall scenes. She also uses a quantitative perspective. Quel bonheur! #intervalles @LaboTele_ORG – à Pavillon Lionel-Groulx

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Comparer les #intervalles dans l’#Iliade et #GameofThrones? Pourquoi pas! @lynnashleykozak @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Episodes dans l’épopée classique et épisodes dans les séries télé: similitudes et différences dans les contractions épiques #intervalles @lynnashleykozak @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Ugo Dionne sur « Comment négocier l’abîme : fins de chapitre, fins de livraisons et conscience intercalaire (XVIIe-XVIIIe) » #intervalles #littérature @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Structure qualitative et développement quantitative: pratiques éditoriales dans le roman à #suspense du XVIIe-XVIIIe #intervalles @UdeM_histart

Marta Boni @MartaBoniLund 5 avr.
Ugo Dionne – concentration narrative et spatiale, suspense et cliffhanger dans le roman périodique du 18ème #intervalles.

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Ugo Dionne: « la tension suspensive comme réponse aux menaces des interruptions périodiques » #intervalles @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
« Périodicité, cadences et fictions : questions d’#intervalles en régime sériel » @matthletourneux de @UParisNanterre https://www.instagram.com/p/Bv4VKq6A1E_/ @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Après la #peur des #intervalles, l’intervalle comme moteur de la lecture sérielle et stratégie de relance du #désir @matthletourneux @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Feuilletonisation et thématisation des collections sérielles à travers les #intervalles: des modes de production aux modes de réception @matthletourneux @UdeM_histart

Panel : Fictions de l'intervalle

Tout au long de son évolution historique, comme montré dans le premier panel (insérer lien)

l’intervalle est externalisé à travers différentes pratiques de mise en récit. Il est donc nécessaire d’observer et comprendre les multiples fictions de l’intervalle. Claire Barle-Moisan (ENS Lyon) ouvre le débat en parlant du célèbre example de la La Comédie Humaine, comme un mobile romanesque paradoxal, qui bouge entre cheminement d’un parcours et discontinuité des blancs fictionnels. Dans cet exemple, on peut traverser les lectures dans l’ordre chronologique, de façon aléatoire ou encore par ce qui a été proposé par par l’auteur lui-même, Honoré de Balzac. Le but de cette publication est précisément de rendre compte de cet inédit de la temporalité fictionnelle dans son alternance de parcours et intervalles. En effet, les romans de La Comédie Humaine ne sont pas ordonnés de façon chronologiques, mais thématiques. L’enjeu des intervalles fonctionnent donc à travers les écho que ces œuvres peuvent produire.

Il y a donc un soin particulier donné à l’ouverture et à la fermeture de chaque œuvre. Dans la nouvelle édition de Albert Béguin (L’Œuvre de Balzac publiée dans un ordre nouveau sous la direction d’Albert Béguin et Jean Ducourneau, éditions Le Club français du Livre, de 1954 à 1955 en seize volumes), il y a par exemple un souhait des éditeurs de réorganiser la collection en choisissant de classer chronologiquement l’œuvre de Balzac. Cette nouvelle organisation pose des problèmes de spatialisation. Loin de constituer une lecture facile, on y retrouve une temporalité balzacienne qui est assez complexe, proustienne presque. Par contre, comme le note Barle-Moisan, le brouillage temporel dans la chronologie originale permet d’arriver à des instants de révélations qui réactualise le rapport du lecteur à l’histoire. La révélation en série, après plusieurs épisodes, nous fait finalement comprendre tous les mécanismes ou les indices que nous n’avions pas vus car il nous manquait une clé de lecture. Un des éléments novateurs dans La Comédie Humaine est notamment l’expérience intertextuelle qui se déroule à travers des intervalles et des liens, permettent de découvrir les histoires parfois à travers différents personnages. Le texte fictionnel fonctionne donc comme une machine de pluralisation des sens grâce à son utilisation des intervalles comme modalités d’assemblage du récit.

La même complexité narrative se retrouve aussi dans la sérialité contemporaines. Florent Favard (Université de Lorraine), qui continue le panel, aborde cette question en parlant de la densité narrative et l’élan narratif face aux évolutions de diffusion et de réception des séries télévisées. La plupart des séries contemporaines, souligne-t-il, construisent un récit macroscopique où l’épisode n’est plus central comme dans l’épopée grecque (voir Kozak). Par exemple, certains épisodes peuvent aussi servir comme “filler” : l’épisode-remplissage sert soit à couper le flux tendu des scénarios soit à répondre à l’essoufflement de la série : une série doit respirer à travers des pauses, intervalles ou encore des ralentissements. En transformant la contrainte de l’intervalle en opportunité (comme dans le cas des épisodes fillers ou des récaps), nous pouvons expérimenter les possibilités de déclinaisons du rythme sériels, surtout à l’ère du numérique, où les séries “molles” de Netflix nous poussent à repenser l’intervalle et ses fonctions dans le récit.

A ce propos, Baptiste Creps (Université Paris-Est) intervient et continue la réflexion de Fayard en analysant l’hybridation et la sémantique de la sérialité autour du Star Trek de J.J. Abrams : « de Star Trek à Star Wars ». Creps parle notamment d’intervalle de la fiction et non de la fiction de l’intervalle. Star Trek a connu de nombreuses adaptations et réadaptations (séries et films). Grâce à une chronologie de Star Trek, il aborde les thèmes du reboot, prequel, remake au croisement entre

sérialité et intervalles. Il faudrait, selon Creps, observer ce type d’intervalles comme des intervalles multidimensionnels, ou encore, comme le propose Marta Boni, comme des espaces de fans et de production de paratextes non-officiels qui assument plusieurs identités (voir panels imaginaires des intervalles et espaces). On retrouve en effet dans ce mélange entre franchise plusieurs questions d’entrelacements entre la version originale et le reboot : les deux sont étroitement mêlés narrativement, comme le confirme la musique.

La musique comme déterminant du rythme, à travers ses effets de continuité et discontinuité, est aussi abordé par Serge Lacasse de l’Université Paris-Est), qui nous propose d’observer les intervalles à travers l’analyse de la musique populaire en tant que fiction. Il examine notamment le monde transitionnel d’Eminem grâce aux rapports entre ses chansons. Il y a en effet des partages d’une même univers fictionnel par plusieurs textes apparemment différents, qui se construisent en fait dans une alternance entre fiction VS réalité. Richard Saint-Gelais dans son ouvrage sur la transfictionnalité (Fictions transfuges: la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Éditions du Seuil (coll. «Poétique»), 2011, 605 pages) parle de jeux vidéos, de cinéma, de littérature mais n’y aborde pas la musique. Il s’agit donc de reconsidérer les théories de Saint-Gelais dans son application à la musique. D’abord, la chanson Stan semble partager notre réalité à nous : elle donne cette capacité de distanciation des textes qui nous offre alors une meilleure vision des intervalles. Cette même chanson est mise en abîme par la chanson Bad Guy, car elle est capturée et intégrée à sa diégèse. Il y a une conscience extra-diégétique qui semble vouloir clore toute cette histoire dans la chanson Bad Guy. Il s’agit donc de penser la production d’Eminem comme système. Et même au-delà, Lacasse interroge : pourquoi ne pas penser la scène de la musique hip hop comme un immense univers transfictionnel composé d’intervalles et d’espaces de continuités, afin de mieux comprendre l’immense réseau et notre rapport à ladite musique populaire ? Finalement, ce panel contribue à montrer que raisonner en termes d’intervalles peut-être une approche clé dans tout domaine de la narration fictionnelle : de la littérature à l’audiovisuel en passant par le domaine de la musique.

Sources :

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
On recommence avec @ Claire Barle-Moisan et « La #comédie humaine, un mobile romanesque paradoxal : entre cheminement d’un parcours et #discontinuité des blancs fictionnels » #intervalles @UdeM_histart

Marta Boni @MartaBoniLund 5 avr.
Texte comme machine paresseuse et comme machine de pluralisation des sens, plaisir de l’assemblage de la série chez Balzac – Claire Barel-Moisan #intervalles

Lynn Kozak @lynnashleykozak 5 avr.
listening to @FlorentFavard talking about « elan narratif » the impression that tv series speed up or slow down, and TV « fillers »…( #GoT epic contraction!) #intervalles

Marta Boni @MartaBoniLund 5 avr.

Le « remplissage » des séries US par @FlorentFavard #intervalles @LaboTele_ORG des épisodes moins épiques @lynnashleykozak

LaboTélé @LaboTele_ORG
Baptiste Creps présente « De #StarTrek à #StarWars, hybridation et sémantique de la #sérialité autour du Star Trek de #JJAbrams » #intervalles @UdeM_histart

Lynn Kozak @lynnashleykozak 5 avr.
love hearing @BaptisteCreps talking about the craziness of the JJ Abrams Star Trek films…(when are we???) #intervalles

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
On voyage dans la #ScienceFiction, les #chiasmes et les #intervalles multidimensionnels, merci @BaptisteCreps! #crossingover @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 5 avr.
Serge Lacasse nous parle de #musique et #storytelling à travers une analyse transfictionnelle de #Kim, #97BonnieandClyde, #Stan, #BadGuy par #Eminem #intervalles @UdeM_histart

Lynn Kozak @lynnashleykozak 5 avr.
@MusicaFictaProd talking about onomastics in Eminem’s albums’ transfictional network! Definitely not the only secret classics geek here. 😉 #intervalles

Guillaume Soulez (U. Sorbonne Nouvelle) : « Tension et densité de l’intervalle sériel : le nouveau profil des spectateurs à l’ère du numérique »

Dans son intervention “Tension et densité de l’intervalle sériel : le nouveau profil des spectateurs à l’ère du numérique”, Guillaume Soulez (Université Sorbonne Nouvelle) soulève la question de la différence entre répétition structurelle et répétition génésique comme deux façons de générer des intervalles. Il nous invite tout d’abord à réfléchir de façon pragmatique sur ce qu’est la sérialité, dans les mécanismes industriels et sur la question de la reception. Soulez pousse ainsi le débat sur le milieu médiatique comme « organisation sociale de diffusion culturelle » (Soulez, 2011: 244), ou se produit de formes (agencements), des supports et des moyens d’expression qui finalement s’imposent comme normes dans le paysage médiatique. Une logique « génésique-matricielle » peut être donc utile pour identifier les intervalles absents de l’observation si nos regards sur les textes fictionnels se portaient uniquement du point de vue structurel. Le rapport entre série et intervalle peut, en d’autres mots, être examiné comme un problème sémiotique, mais aussi comme un problème pragmatique qui va au-delà de la fabrique mécanique sérielle, pour inclure les effets de réception. Soulez nous invite donc au modèle matriciel qui part de la réception. Néanmoins, il explique que la partie structurelle de la matrice ne disparait pas : au contraire, elle coexiste dans le role polyédrique de l’intervalle et ses différentes typologies d’écart médiatique ou temporelle. Une série-matrice se définit précisément par le fait que le spectateur s’engage et repose son intérêt sur la matrice même et ce, sur trois niveaux : 1) le sujet (se projeter dans une figure); 2) la matrice politique 3) la méta poétique / mimétique. Dans ce sens, l’intervalle doit être considéré comme une entité variable, aléatoire, qui ne suit pas seulement des logiques structurelles. L’intervalle est plutôt une “ pause productive” qui remobilise le processus matriciel. Soulez envisage donc une distinction entre intervalle structurel, avec son role lié a la structure épisodique et à des règles de lecture prefixées, et à l’intervalle génésique, qui joue un role différent. En effet, l’interval génésique génère quelque chose, il présente une potentialité créatrice au niveau narratif. À partir de cette approche pragmatique de la reception des intervalles comme zones d’attente et de l’imprévu, on peut commencer à réfléchir aux plusieurs dimensions possibles de l’intervalle : temporelle, imaginaire ou spatiale.

Sources :

Voir son article : G. Soulez, « La double répétition. Structure et matrice des séries télévisées », Mise au point, n° 3, 2011.

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Guillaume Soulez distingue entre repetition structurelle vs repetition génésique #intervalles @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Du modèle structurel de #UmbertoEco au modèle matriciel de #GuillaumeSoulez: repensons les #Intervalles @UdeM_histart

Lynn Kozak @lynnashleykozak 6 avr.

Soulez talking about how productive pauses can take into account IRL political realities that add to or disrupt the tension between two episodes: case in point, The West Wing’s Isaac and Ishmael. #intervalles

Marta Boni @MartaBoniLund 6 avr.
Affects contradictoires, attentes sérielles dans l’identité de la serie – Marion Froger pose une question clé à Guillaume Soulez #intervalles

Panel : temps de l'intervalle

Anne Besson de l’Université d’Artois ouvre le débat sur les temps de l’intervalle a partir d’une approche comparative entre le livre et la série du Trône de Fer. Elle suggère notamment un parallélisme entre temps d’édition, temps de lecture, mais aussi entre temps de vision. En analysant la durée, l’attente, et les intermittences du Trône de Fer en tant que cycle romanesque et série télévisée, elle revient sur la double temporalité des intervalles par rapports aux medias. Son intervention soulève des questions intéressantes qui insistent sur les différences entre intervalle littéraire et télévisuel du point de vue de la gestion du temps. L’une des problématiques avancée par l’auditoire face à son intervention est la suivante : au lieu de raisonner en termes de littéraire versus télévisuel, faudrait-il parler de distinction entre édition ponctuelle et édition régulière ? Cette question guide le passage à l’intervention suivante, qui sera celle de Hélène Machinal, qui discute du rapport paradoxal du temps en fiction sérielle. Machinal aborde la nature “méta” des intervalles dans les séries télévisées, en parlant d’intervalle comme temps qui suspend le temps. Dans cette ambiguïté intrinsèque de l’intervalle, fragment temporel qui n’est tel qu’une fois terminé, elle porte comme exemple le générique comme intervalle porteur de sens dans l’intervalle de l’épisode, dans un processus de mise en abîme. Hélène Machinal considère donc la valeur symbolique et rituelle des intervalles, comme seuils de la narration à la fois temporels mais aussi spatiaux (voir dernier panel). Dans le temps de l’intervalle se déterminerait donc son propre statut. De même, Séverine Barthes réfléchit au temps de l’intervalle sériel comme véhicule de sa propre nature. Elle propose une nouvelle taxonomie des séries télévisées basée sur les intervalles et sur les notions de homochronie/hétérochronie de Marion. Elle distingue donc deux typologies : un intervalle inter- épisodique homochrone, où le paramètre de l’intervalle est exodeterminé, et un intervalle hétérochrone et endodeterminé par le spectateur. Cette deuxième typologie se manifeste dans le modèle de Netflix et des autres plateformes en ligne. Un troisième type d’homochronie relative peut être également envisagé. Finalement, elle se questionne sur l’accélération des nouveaux medias : “sommes-nous en train de réduire le temps des intervalles ?” Au-delà de l’extension de l’intervalle, Claire Cornillon essaye de clarifier les tensions temporelles qui s’y génèrent en prenant l’exemple des séries semi-feuilletonnantes formulaires. Elle demande notamment : “Que s’est-il passé entre les deux épisodes ?” en réfléchissant au statut de l’ellipse et sa densité. En particulier, elle note que certains personnages des séries télévisés grandissent non pas dans le récit, mais dans ses interstices. Cette puissance créatrice est fondamentale pour commencer un débat, non pas seulement sur la quantité de l’intervalle, mais aussi sur sa qualité. Le panel sur les temps de l’intervalle se conclut donc avec plusieurs questions qui en appellent d’autres. Ces nouvelles problématiques sont importantes pour poursuivre le débat sur les imaginaires et les espaces de l’intervalle. Ce panel démontre enfin que la notion d’intervalle devient une notion bien plus complexe lorsque l’on dépasse l’approche structuraliste et que l’on adopte une approche pragmatiques comme le propose Guillaume Soulez (lien) sur les pratiques qui se forment autour de l’intervalle même dans sa valeur spatio-temporelle.

Sources :

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
A suivre, les #temps de l’intervalle avec @anne_besson, @HélèneMachial, @SéverineBarthes et @ClaireCornillon!

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Après l’intervalle : @AnneBesson « La durée et l’attente. Les intermittences du #TrônedeFer (cycle romanesque et #sérietélévisée) » #intervalles #GameofThrones @UdeM_histart

Écritures numériques @ENumeriques 6 avr.
#intervalles @anne_besson cite Neil Galman : « George RR Martin is not yout bitch », réponse à un fan qui critiquait Martin pour ne pas s’impliquer assez dans l’écriture de son cycle #got

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
On discute maintenant avec Hélène Machinal du rapport paradoxal au #temps en fiction sérielle : #intervalles et #sériestélévisées @UdeM_histart

Écritures numériques @ENumeriques 6 avr.
#intervalles Hélène Machinal parle de l’ambiguïté intrinsèque de l’intervalle, fragment temporel qui n’est tel qu’une fois terminé

Écritures numériques @ENumeriques 6 avr.
#intervalles Hélene Machinal et la #myseEnAbime de l’intervalle : le générique comme intervalle porteur de sens dans l’intervalle de l’épisode @LaboTele_ORG we’re deep down in the -meta

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Séverine Barthes continue la discussion avec son intervention « La #sérietélévisée est-elle une #forme médiatique homocrome ou hétérochrome ? Du statut des #intervalles sériels » @UdeM_histart

Servanne M. @servanne_m 6 avr.
En réponse à @LaboTele_ORG @UdeM_histart
Relecture des notions d’homochronie et d’hétérochronie de Marion par @sbarthes, en présence du principal intéressé… #intervalles

Marta Boni @MartaBoniLund 6 avr.
#intervalles: selon @sbarthes les séries #Netflix ne sont pas des séries télé à cause de leur hétérochronie ou décollement du flux télévisuel…

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.

La dernière conférencière du matin est @ClaireCornillon avec l’intervention « Que s’est-il passé entre les deux épisodes ? Le statut de l’#ellipse dans quelques séries semi-feuilletonnantes formulaires » #intervalles @UdeM_histart

Écritures numériques @ENumeriques 6 avr.
#intervalles @ClaireCornillon : certains personnages des séries télé grandissent non pas dans le récit, mais dans les #interstices #uneVieHorsChamp

Lynn Kozak @lynnashleykozak 6 avr.
loving @ClaireCornillon’s discussion of narrative ellipses and the construction of television characters… #intervalles and we’re back to serial (mythology) vs series (monster of the week) debate in the discussion!

Espaces de l’intervalle

Le panel lié à la question de l’espace est un concept qui comprend peut être nombre des notions abordées tout au long du colloque : un espace pouvant être historique, fictionnel, temporelle, ou encore imaginaire. Il peut aussi être matériel et artistique à la fois, comme le démontre Kristine Tantom (Udem) dans son intervention “Représentation du sermon sur la montagne au cloître de Saint-Pierre de Moissac : images en série et représentation rituelle”. La notion d’espace mobilise également des questions de géolocalisation du récit, comme le souligne Simon Laperrière (Université de Montréal) qui parle du parc de Westworld, des fictions contemporaines et des fan theories. Il s’interroge notamment sur l’espace de l’intervalle dans les mondes fictionnels comme étant partie intégrante de la construction de l’univers fictionnel, dans un échange production- réception-production qui contribue aux pratiques de worldbuilding (voir fan panel sur imaginaires). Megan Bédard problématise de façon similaire l’espace de l’intervalle comme lieu où se produit le discours autour du spoiler. Elle discute également de l’experience collective du visionnement : entre subjectivité et objectivité/authenticité.

Sources :

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Kristine Tanton sur la « Représentation du sermon sur la montagne au cloître de Saint-Pierre de Moissac : #images en série et représentation rituelle » #intervalles @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Simon Laperrière présente « Le parc de #Westworld a été localisé : fictions contemporaines et #fan theories » #intervalles #HBO @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Simon Laperrière sur #intervalles, #fans et mondes fictionnels #worldbuilding @UdeM_histart

LaboTélé @LaboTele_ORG 6 avr.
Megan Bédard termine le colloque avec l’intervention « Ce que les #spoilers font aux #fandoms : l’#ExperienceCollective de l’intervalle télévisuel » #intervalles @UdeM_histart